II) Quel avenir pour ce e-commerce?
a) Le m-commerce en plein essor
Au début des années 2000, c’est l’envol
du e-commerce. Personne n’était à l’époque en mesure d’imaginer les tendances
actuelles du commerce électronique. Jusqu’alors inconnu de la scène du
e-commerce, le m-commerce (commerce en ligne sur les appareils mobiles) est
apparu avec l’arrivée des smartphones, il y a bientôt dix ans.
c) Les marketplaces: vers un changement de business model
Si le e-commerce s’essouffle dans les pays développés,
cela n’est pas le cas de son petit frère. En effet, là où le e-commerce basique
s’essouffle, le m-commerce commence son essor, notamment grâce à la
multiplication des points d’accès à Internet comme la tablette, le smartphone,
ou plus récemment les montres intelligentes. Comme nous l’avons vu précédemment,
les abonnés à la téléphonie en Afrique sont 750 millions, contre seulement 250
millions d’internautes, soit trois fois plus importants. Même si le m-commerce
est encore balbutiant, un avènement de ce nouveau type d’achats en lignes se
profile dans les pays moins développés aussi bien que dans les pays développés.
En France par exemple, alors que les ventes sur Internet ont crû de 9% en 2014,
elles ont augmenté respectivement de 105% et 109% sur smartphones et tablettes,
évolution également notable au Nigéria notamment où 87 millions de téléphones
sont en circulation. Le poids du m-commerce est de plus en plus important,
puisque 25 à 30% des clients d’Amazon n’achètent que sur mobile. De plus, l’achat
en ligne de places de concerts, de cinéma, de sports ou encore de voyages se
fait essentiellement sur mobile, grâce à l’invention des billets électroniques
(e-billets). Le m-commerce, un marché attractif donc, qui devrait peser autant
voire prendre la relève du e-commerce d’ici 2020, comme l’observe observe Renaud Ménérat (président de l’agence
de conseil en marketing mobile User Agents et de la Mobile Marketing
Association France) : « Sur 20 ans, un changement de paradigme majeur
est en train de s’opérer ».
b) Le retour des "clicks-and-mortars" et la concurrence entre commerce traditionnel et électronique
Les acteurs du e-commerce se séparent en
deux camps : d’un côté les clicks-and-mortars, littéralement traduit par « des
clics et du mortier », aussi appelés les bricks and clicks, « des
briques et des clics », ceux-ci proposent un processus complémentaire de
ventes combinées ; la vente sur Internet et la vente en magasins (SNCF,
Fnac, etc.). De l’autre, les pures-players, « purs artifices », qui
exercent sur un seul secteur d’activité : le web (Zalando, etc.). Alors
que dans les pays moins développés il n’existe essentiellement que des
pures-players, dans les autres pays, les deux camps se font concurrence.
Longuement dépassés par l’innovation technologique des pures-players, les
clicks and mortars tendent à refaire surface sur le devant de la scène. En
effet, nombre de grandes enseignes du commerce traditionnel entament des
rachats de pure-players dans l’optique de former des clicks and mortars :
Darty avec le rachat récent de MisterGoodDeal ou encore le Printemps avec Place
des tendances en sont les archétypes. Leur principale force, c’est leur réseau
de magasin : passer commande sur Internet pour le retirer en boutique (ou
autrement dit la e-réservation) est le schéma classique d’un achat sur ces
sites.
Ainsi, les magasins physiques sont
replacés au centre du processus. Et, contrairement aux aprioris que l’on
pourrait avoir sur la concurrence entre l’e-commerce et le commerce physique,
ceux-ci se complémentent plus qu’ils ne rivalisent puisque le commerce physique
représente toujours près de 90% du chiffre d’affaires du commerce au détail
français, même si les disquaires et les libraires ont subi l’avènement des
géants Amazon, iTunes, etc. Un chiffre révélateur qui prouve bien que le
e-commerce n’est pas source de régression pour le commerce traditionnel. Mais
ce chiffre n’est pas valable dans le monde entier puisqu’en Afrique, le
e-commerce a dépassé le commerce traditionnel en termes de chiffre d’affaires.
A titre d’exemple, cette part du e-commerce était de 54% au Nigéria en 2013,
même si le commerce traditionnel là-bas est fait à 70% d’informel. Les années à
venir devraient confirmer cette tendance, et dans des pays dépourvus de grandes
enseignes physiques, le e-commerce constituerait le principal type d’échanges
marchands, voire le seul d’un point de vue formel (hors ventes au « noir »
sur les milliers de marchés aux épices, etc.).
c) Les marketplaces: vers un changement de business model
Pour faire face à ce retour en force des
clicks-and-mortars, les pures-players ont adopté de nouveaux modes de
fonctionnements. Cherchant bien souvent à valoriser leurs audiences par le
biais d’espaces publicitaires, certains gros pures-players ont avant tout
profité de leur notoriété pour mettre en place des marketplaces. Une
marketplace, ou « place de marché », est un espace de vente que
propose un e-commerçant à d’autres e-commerçants (pouvant ainsi profiter de sa
notoriété). Amazon est l’archétype de ces marketplaces, une stratégie qui lui a
permis d’améliorer fortement sa rentabilité en lui permettant d’optimiser ses
stocks, d’élargir ses gammes et leurs disponibilités, et il en est de même pour
ses équivalents africains et chinois Jumia et Alibaba.
Un modèle lucratif en pleine réussite qui
a été repris par beaucoup (Priceminister, etc.) et devrait continuer de l’être
dans les années à venir. Le e-commerce comme on le connait ne se limitait jusqu’alors
qu’à un échange entre une entreprise et un consommateur, un business model dit
B2C (business to consummer), mais pourrait se profiler dans les années à venir
un changement radical de business model. Les marketplaces comme Amazon penchent dès
lors également vers un modèle d’échanges inter-entreprises, dit B2B, pendant
que des marketplaces comme eBay proposent un business model classique B2C mais
proposent également aux consommateurs d’intéragir entre eux : un modèle
C2C. Ainsi, pour mettre en liaison avec la mondialisation, les grandes
marketplaces comme Amazon, Alibaba ou Jumia présentes dans les pays moins
développés favorisent, là aussi, l’internationalisation croissante des échanges
avec ces pays en proposant des produits de tout horizon.